Programme « Nutrition et Santé »
2019 – 2021
Lomami et Kasaï – Oriental
La nutrition et la santé sont 2 composantes interdépendantes souvent ciblées par les programmes de coopération au développement. Elles sont ainsi au cœur d’un projet exécuté par Cap Santé avec un cofinancement de l’Union Européenne depuis juillet 2019 pour une durée de 30 mois.
Contribution de Cap Santé
L’agriculture familiale, principale et souvent unique source de revenus en milieu rural, est une bonne accroche pour mener des actions communautaires qui associent la prévention de la malnutrition et l’amélioration de la santé.
Basée sur l’approche « Famille Agricole », le programme « Nutrition et Santé » a pour fondement la mutualisation des ménages autour de l’agriculture familiale avec 3 cibles stratégiques :
- Réduire la pauvreté, grâce à la vulgarisation des pratiques et des techniques qui améliorent le rendement agricole et la valeur des produits de la récolte ;
- Lutter contre la malnutrition, en favorisant une alimentation en quantité suffisante, diversifiée et équilibrée, ainsi que l’amélioration des connaissances de base pour une bonne nutrition ;
- Améliorer l’accès aux soins curatifs grâce à la mutualisation du risque en santé, tout en favorisant l’adoption des attitudes favorables au bien-être et à la santé.
Le cadre et les bénéficiaires de l’action
La première phase de l’action cible 4 Zones de santé (ZS) dans les provinces de Lomami et du Kasaï – Oriental.
KABINDA | NGANDAJIKA | TSHILENGE | MIABI | |
Nbr d’Aires de Santé | 4 | 5 | 4 | 4 |
Nbre de FA | 32 | 34 | 32 | 32 |
Ménages | 415 | 491 | 459 | 476 |
Personnes ménage | 2.280 | 2.473 | 2.163 | 2.613 |
– Femmes | 409 | 486 | 456 | 475 |
– Hommes | 408 | 477 | 458 | 474 |
– Enfants < 18 ans | 1.463 | 1.510 | 1.249 | 1.664 |
Dans cette première approche, les 1.881 ménages regroupés sont les bénéficiaires directs de l’action dans les 2 provinces. Toutefois, les bénéfices iront aussi vers les près de 260.000 habitants des 17 Aires de santé ciblées, notamment grâce à une plus grande disponibilité des aliments de base et à la vulgarisation de bonnes pratiques nutritionnelles et sanitaires.
La mise en œuvre du projet
Implication des parties prenantes
L’approche FA se met en place en concertation avec les autorités politico-administratives locales, parties prenantes au projet, qui facilitent la mobilisation des paysans et l’accès aux terres. Les gouverneurs des 2 provinces ont été informés.
Pour chaque Zone de santé, l’Administrateur de Territoire reçoit un dossier pour faciliter la mise en œuvre du projet. Certains chefs de localité adhèrent à l’approche FA et mettent à disposition des terres pour le champ communautaire.
Chaque inspection territoriale de l’agriculture, pêche et élevage (ITAPEL) couvrant chacune des ZS ciblées a participé à l’atelier initial de concertation dans son territoire et transmis la liste des moniteurs agricoles actifs pour la sélection des « animateurs agricoles » de proximité.
La santé étant une grande finalité du projet, les chefs des Divisions Provinciales de la Santé (DPS) de Lomami et du Kasaï Oriental, les médecins chefs de zone (MCZ) et les 2 coordinateurs provinciaux du Programme National de Nutrition (PRONAUT) sont officiellement informés du projet.
Les Infirmiers Titulaires des Aires de Santé accompagnent les ménages pour l’adoption de bonnes pratiques en santé, la fréquentation des structures sanitaires et la suscription à une caisse de solidarité en santé. L’adhésion de certains prestataires des soins aux FA facilitent cet accompagnement.
Accompagnement par des animateurs agricoles
Les ménages sont encadrés par des animateurs agricoles informés sur l’approche et formés par un expert en mobilisation des communautés paysannes.
Sous la supervision d’un agronome par Zone de Santé, chaque animateur accompagne une dizaine de FA dans le choix et l’application des techniques agricoles ainsi que dans l’organisation du travail collectif sur un champ communautaire d’apprentissage et de développement.
Les 12 animateurs agricoles ont reçu chacun un kit de travail et sont suivi pat l’Inspecteur territorial de l’agriculture.
Activités des ménages
Un total 130 FA ont été constituées sur les 17 Aires de santé sélectionnées en concertation avec les parties prenantes des 4 Zones de santé. Chaque FA porte un nom symbolique, généralement en langue locale, et ses membres diffusent des slogans contre la faim et pour la santé.
Les ménages adhérents se sont engagés contractuellement à promouvoir la solidarité pour avancer ensemble, ainsi qu’à adopter des pratiques favorables à la nutrition et à la santé (diversification alimentaire, hygiène et autres mesures de prévention en santé).
Chaque Famille Agricole qui est une mini-coopérative désigne en son sein un comité directeur de 3 personnes et organise de manière consensuelle le travail collectif. Chaque ménage conserve ses activités sur son exploitation familiale individuelle pour y appliquer les nouvelles techniques apprises.
Chaque FA exploite un champ communautaire/école de minimum 1 hectare sur lequel se fait l’apprentissage avec les animateurs agricoles et par des échanges de pratiques entre agriculteurs.
Les ménages ont reçu des semences et des outils (maïs, arachide, niébé et soja) achetées auprès de l’Association des Producteurs de Semences du Kasaï Oriental (APESKO), des outils aratoires et du matériel de séchage et de conservation.
Pour les saisons agricoles A et B 2020, la superficie totale emblavée à titre sur les champs communautaires est de 128 hectares dans les 4 Zones de santé. La production de ces 2 saisons agricoles représente 38,2 tonnes de maïs, 9,5 de niébé, 27,3 d’arachide et 10,4 se soja.
Cette production qui est additionnelle à celle des exploitations familiales individuelles contribue à accroitre la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages.
Les femmes sont présentes et activement engagées dans toutes les FA, une présence facilitée par l’adhésion par ménage et par la traditionnelle implication féminine dans les activités de sécurité alimentaire.
Le projet les encourage à participer à la gestion des FA avec une règle d’un minimum 30% de femmes dans les comités directeurs. Cependant, actuellement moins de 20% de femmes se retrouvent dans les comités de direction des FA, respectivement 16, 11, 18 et 13% à Kabinda, Ngandajika, Tshilenge et Miabi. Il s’agit là d’un défi qui demande du temps pour un changement des habitudes.
Toutefois, cette participation active des femmes dans un programme « Nutrition et Santé » est bénéfique pour les enfants, à la fois en termes d’accroissement de la sécurité alimentaire que pour l’amélioration de la santé.
La constitution d’une caisse de solidarité fait partie des principes de l’approche Famille Agricole. Elle est un outil de promotion des pratiques d’épargne et de crédit ainsi que de renforcement de l’entraide dans la communauté.
La caisse de solidarité est aussi destinée à servir de base à la mutualisation pour l’accès aux soins de santé curatifs.
Elle est principalement alimentée par les cotisations, les recettes sur la vente de produits agricoles de champs communautaires, et le remboursement des crédits accordés par le projet sous forme d’intrants agricoles aux FA.
La pratique sera renforcée au cours des prochaines étapes du projet avec le renforcement de la sensibilisation, la mise à disposition d’un manuel et de petits outils de gestion ainsi que l’aide à la contractualisation avec les caisses d’épargne.